On the road again and...alone

Publié le par Béatrice

Je viens de rentrer après 600 km de trajet entre Houdan (près de Paris) et Brest. 6h30 seule avec moi-même dans ma petite voiture. De la musique, des paysages sympa mais quand même 6h30. Au début, tout roule (et c'est tant mieux parce que pour rentrer c'est plus pratique) et puis, au bout d'un moment, on commence à ne plus trop savoir quoi faire de ses jambes et de ses bras... Un petit accroc dans le parcours et on est obligé de se reconcentrer sur la route... On cherche désespérément un panneau qu'on devrait voir si on avait pris le bon chemin, mais, on ne le voit pas... alors après quelques kilomètres on se dit qu'on a dû faire une erreur à un moment ou à un autre... à moins que la ville en question ait été rayée de la carte depuis quelques jours... peu probable quand même. Donc, il faut bien se résigner et essayer de recoller les morceaux... Alors, y'a des villes qui ne sont jamais indiquées, ou si peu... et puis, il y en a d'autres, enfin une autre, peu importe où on est, on indique partout comment y aller. Cette ville c'est Alençon. Que je passe par un chemin ou un autre, je ne risque jamais de louper Alençon... elle est indiquée partout, dans les grandes villes, dans les petites, même dans les villages on sait toujours comment faire pour s'y rendre. Sauf que moi, je déteste Alençon donc, je m'en fiche un peu de savoir comment y aller. Ce matin, c'était Rouen que je cherchais partout ! C'est bien plus grand qu'Alençon pourtant... eh ben non, j'ai paumé Rouen... mais j'ai toujours gardé Alençon sous les yeux, c'est fou non ?... Comble de l'ironie, quand j'habitais à Alençon (eh oui, j'y ai habité quelques mois) un jour, je me suis perdue à Caen parce qu'à aucun moment on n'indiquait comment passer de Caen à Alençon... Et aujourd'hui, je cherchais Caen ou Rouen et seule la magnifique capitale du boudin blanc (Alençon, donc) se présentait... Bref, tout pour me contrarier.

Enfin, après quelques minutes de vagabondage imprécis, j'ai fini par me remettre sur la bonne voie. J'ai pu replonger dans mes pensées... Et des pensées en 6h30, on a le temps d'en voir passer... On revisionne des souvenirs sympa, ou pas d'ailleurs, on fait des projets pour l'avenir, on se perd parfois dans des délires incroyables, troublants parfois, désespérants d'autres fois et on finit par oublier la route. On ne voit plus les paysages, on oublie les autres conducteurs, on se laisse bercer par la musique et le bruit du moteur... et puis soudain, mini séance d'aquaplaning, le temps de se remettre les idées en place. Petite frayeur au passage... Pas grave, on reprend là on en était resté... Souvenirs, espoirs, regrets, chagrins, joies... et tout ça batifolle dans la tête qui commence sérieusement à avoir besoin de repos. Les paysages défilent, les kilomètres aussi et la dernière heure est la plus terrible... sans ces foutus radars, j'aurais bien autorisé mon pied à enfoncer la pédale d'accelération comme il est parfois tenté de le faire machinalement... ras le bol du bitume... Mais c'est limité à 110km/h, hélas... Je suis sage, je respecte mais franchement par moments, je ferais bien une petite pointe à 150 juste pour gagner un peu de temps... oui, je sais que ça ne sert à rien, et qu'au mieux on gagne 10 minutes mais ça me démange après 5h de route quand même.

La dernière demi-heure, les pensées se sont enfuies... il reste une sorte de néant abyssal. Je regarde dans le vide... Il est où le pilote automatique là-dessus ? Ah, y'en n'a pas... dommage, j'aurais bien fait un p'tit somme. "Voiture, rentre à la maison !"... ça ne marche pas, tant pis, va falloir conserver le minimum de concentration qu'il reste pour les 60 derniers kilomètres... la fin est proche, "J'arriiiiiiive !"... 

J'adore être sur la route, c'est un fait, mais les très longs trajets, comme ça sont tout de même lassants... et puis, j'en ressors toujours avec quelques idées noires qui germent lorsque je suis au volant... un peu comme si le trajet faisait défiler sous mes yeux tous les échecs cuisants de ma triste existence.

Publié dans Lettres d' être

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P
Le voyage en voiture, c'est toujours un drôle de parallèle entre soi-même et soi-même. On voit le paysage qui défile et l'on se perd dans ses idées farfelues, dans ses souvenirs. On ne sait plus trop où l'on est, quelque part entre le ciel et le bitume, on survole des années, des pensées que l'on pensait enfouies, mais aussi des espoirs, toujours l'espoir...On revoit des noms de villes sur des panneaux autoroutiers, et on se dit qu'on a connu quelqu'un ici, qu'il y'a peut être quelqu'un à connaître dans cette ville, tant de solitudes, quand on défile sur l'autoroute, toutes ces vies qui tracent sur le compteur de notre voiture, finalement nous sommes bien sentimentaux !
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