Prof de tout, prof de rien.
Hier discussion en salle des profs avec une collègue. Nous parlons de ceux que l'on appelle les TZR, c'est à dire les Titulaires sur Zone de Remplacement... Ce sont des profs à qui on n'a pas trouvé un poste fixe ou bien qui ne souhaitent pas en avoir un à n'importe quelle condition. Ils remplacent les profs malades, blessés, ou en congés de maternité par exemple. Ce sont des profs qui ont eu le CAPES, qui sont donc spécialisés dans une matière aussi, comme ceux qui sont titulaires de leur poste mais qui voyagent de bahut en bahut pour faire des remplacements de plus ou moins longue durée. Je l'ai fait, par choix, pendant 5 ans. J'ai trouvé que c'était plutôt une bonne façon de démarrer afin de découvrir plusieurs établissements, plusieurs sortes d'élèves, de principaux, de proviseurs... Bref, une école de l'école...
Ma collègue m'expliquait hier que bien souvent ces profs remplaçants ne sont plus guère considérés, bien au contraire... Elle m'expliquait qu'une prof de français de sa connaissance, TZR de son état, s'était vue proposer un poste en lycée à 200 km de chez elle. Trouvant que c'était un peu loin pour faire le trajet aller-retour tous les jours, elle a refusé ce poste... évidemment, elle a été obligée d'accepter le suivant qu'on lui a proposé, ça paraît logique... Sauf que, le poste suivant c'était un poste de prof de maths, sciences naturelles (SVT) et arts plastiques... pour une prof de français !!! Alors, bien sûr, je crois qu'elle va enseigner dans le cadre d'un établissement spécialisé avec des enfants en très grosses difficultés mais quand même...
Si je prends mon exemple. J'ai passé un bac économique parce que j'étais pas assez douée en maths pour faire autre chose. J'ai suivi des études littéraires pures et dures. J'ai passé un concours pour être prof de français... ça veut dire que je n'ai pas fait de maths depuis... 1989, l'année de mon bac. Comment pourrais-je, dans l'éventualité où je me retrouverais comme cette personne à faire des remplacements, enseigner une matière que je ne maîtrisais pas du tout et que je n'ai pas pratiquée depuis près de 20 ans ??? Quel enseignement donnerais-je aux enfants que j'aurais en face de moi ? Quelle crédibilité aurais-je ?
Chaque discipline a ses spécificités et on ne peut pas passer de l'une à l'autre ou alors cela veut dire qu'on dévalorise complètement notre fonction... Remarquez, ça ne serait pas la première fois mais quand même... A quoi servons-nous au final si n'importe quel prof peut enseigner n'importe quelle matière ? Le but est-il encore d'enseigner c'est à dire d'apprendre quelque chose à nos élèves ou bien est-ce simplement qu'il faut mettre un adulte devant eux pour les surveiller ? Tu sais compter jusqu'à 100 ? Ok, viens faire des maths ! Tu connais ton alphabet à peu près par coeur ? Ok, tu feras prof de français !
Quel avenir pour les enfants ? Moi, je n'en ai pas et je n'en aurai pas mais je m'inquiète sérieusement pour tous ceux qui en ont et tous ceux qui vont naître... Quelle instruction leur donnera-t-on ? La polyvalence c'est bien joli mais cela ne remet-il pas les compétences des uns et des autres ?Moi, en tant que prof de français, je fais de mon mieux, je connais mon travail, je sais ce que j'ai à faire et je sais comment le faire. Mettez-moi à enseigner des maths et je suis paumée ! Même l'histoire qui est une matière plus proche de la mienne, je ne saurais pas l'enseigner correctement en comparaison d'un prof d'histoire qui a fait des études, qui aime ça, qui s'y connaît et qui saura comment l'enseigner aux enfants...
Même si c'est peut-être un cas isolé (je l'espère), c'est inquiétant, je trouve... très inquiétant...
Ma collègue m'expliquait hier que bien souvent ces profs remplaçants ne sont plus guère considérés, bien au contraire... Elle m'expliquait qu'une prof de français de sa connaissance, TZR de son état, s'était vue proposer un poste en lycée à 200 km de chez elle. Trouvant que c'était un peu loin pour faire le trajet aller-retour tous les jours, elle a refusé ce poste... évidemment, elle a été obligée d'accepter le suivant qu'on lui a proposé, ça paraît logique... Sauf que, le poste suivant c'était un poste de prof de maths, sciences naturelles (SVT) et arts plastiques... pour une prof de français !!! Alors, bien sûr, je crois qu'elle va enseigner dans le cadre d'un établissement spécialisé avec des enfants en très grosses difficultés mais quand même...
Si je prends mon exemple. J'ai passé un bac économique parce que j'étais pas assez douée en maths pour faire autre chose. J'ai suivi des études littéraires pures et dures. J'ai passé un concours pour être prof de français... ça veut dire que je n'ai pas fait de maths depuis... 1989, l'année de mon bac. Comment pourrais-je, dans l'éventualité où je me retrouverais comme cette personne à faire des remplacements, enseigner une matière que je ne maîtrisais pas du tout et que je n'ai pas pratiquée depuis près de 20 ans ??? Quel enseignement donnerais-je aux enfants que j'aurais en face de moi ? Quelle crédibilité aurais-je ?
Chaque discipline a ses spécificités et on ne peut pas passer de l'une à l'autre ou alors cela veut dire qu'on dévalorise complètement notre fonction... Remarquez, ça ne serait pas la première fois mais quand même... A quoi servons-nous au final si n'importe quel prof peut enseigner n'importe quelle matière ? Le but est-il encore d'enseigner c'est à dire d'apprendre quelque chose à nos élèves ou bien est-ce simplement qu'il faut mettre un adulte devant eux pour les surveiller ? Tu sais compter jusqu'à 100 ? Ok, viens faire des maths ! Tu connais ton alphabet à peu près par coeur ? Ok, tu feras prof de français !
Quel avenir pour les enfants ? Moi, je n'en ai pas et je n'en aurai pas mais je m'inquiète sérieusement pour tous ceux qui en ont et tous ceux qui vont naître... Quelle instruction leur donnera-t-on ? La polyvalence c'est bien joli mais cela ne remet-il pas les compétences des uns et des autres ?Moi, en tant que prof de français, je fais de mon mieux, je connais mon travail, je sais ce que j'ai à faire et je sais comment le faire. Mettez-moi à enseigner des maths et je suis paumée ! Même l'histoire qui est une matière plus proche de la mienne, je ne saurais pas l'enseigner correctement en comparaison d'un prof d'histoire qui a fait des études, qui aime ça, qui s'y connaît et qui saura comment l'enseigner aux enfants...
Même si c'est peut-être un cas isolé (je l'espère), c'est inquiétant, je trouve... très inquiétant...