Claude François, toujours passionnément...lui

Publié le par Béatrice

Claude François... je dirais comme Montaigne, "parce que c'était lui, parce que c'était moi". Cela résout cette question qui m'a hantée pendant tant d'années où je ne comprenais pas "pourquoi lui ?" C'est vrai... il y avait beaucoup d'autres artistes talentueux, que j'aurais pu mieux connaître et mieux aimer. Mais non...

En 1974, il y a eu un déclic, une révélation. J'ai vu en lui quelqu'un de merveilleux, une sorte de père idéalisé. En 1978, à sa mort, ce fut une véritable déchirure. La première mort de quelqu'un de "proche"... de quelqu'un à qui je tenais. Difficile de comprendre et d'admettre à 7ans et demi que les gens que l'on aime aussi peuvent disparaître... et que ce n'est pas comme dans les films où après le clap final l'acteur se relève. Non, la mort est tellement définitive... et l'absence désespérante.

Oui, ce n'était qu'un chanteur que je n'aurais sans doute jamais rencontré... mais sa mort était si brutale, cette phrase "Claude François est mort" résonne encore dans ma tête depuis toutes ces années.

Après, dans les années 80, cette horrible impression qu'il était l'homme abattu que l'on continuait à abattre encore et encore. Etre regardée de travers, comme une extra-terrestre juste parce qu'on a le malheur d'aimer un chanteur disparu, un chanteur à paillettes, un chanteur à minettes. Pourquoi tant de reproches ? Pourquoi tant de moqueries ? Pourquoi tant de médisances stupides ? Pourquoi Claude François déclenche-t-il autant de réactions négatives ? Pourquoi les gens aiment-ils profaner sa mémoire ? Pourquoi lui et pas les autres ? Voilà toutes les questions qui m'assaillaient. Je n'ai jamais compris pourquoi j'étais considérée comme une folle parce que je vouais une réelle admiration à cet artiste.

Alors, en réaction, parce qu'il était véritablement mal-aimé et que je le devenais aussi, j'ai décidé que je devais l'aimer plus que tout afin de compenser le reste. Même si je devais être la seule au monde à l'aimer et à le défendre, j'avais décidé que je le serais... envers et contre tous. Ce qu'on disait me semblait tellement injuste qu'il fallait bien le protéger.

Mais Claude François était-il devenu un refuge ou une prison ? Difficile de le savoir. A l'époque, je l'adorais plus que tout parce que je n'avais que lui mais il m'arrivait de le haïr pour la même raison. Combien de fois j'ai voulu l'oublier, le rendant responsable de ma solitude, d'une certaine "anormalité"... Mais jamais cela n'a été possible. Il revenait sans cesse me hanter... Il était mon rêve et mon cauchemar...

J'écrivais pour lui, comme pour être près de lui par l'écriture et je cherchais à travers les rimes et les phrases à lui dire ce que j'éprouvais. Et jamais aucun mot ne semblait capable de dire ce sentiment. Rien n'était assez fort, aucun mot ne semblait exister pour "nous" comprendre.

Et puis, il y a eu ce 8 mai 1998. La visite du Moulin de Dannemois ou du moins de ce qu'il en restait et enfin la libération ! Enfin j'ai compris que ce que je cherchais depuis tant et tant d'années, je ne le trouverais jamais puisque même en étant si près de lui, là où il avait vécu, rien ne changeait... Claude François est mort pour moi une deuxième fois ce jour là. Mais cette mort-ci fut bel et bien acceptée, acceptée en tant que telle, en tant que réalité irréfutable. Peu importe ce que je pourrais dire, faire ou ressentir, RIEN ne changerait jamais cette réalité.

Alors, j'ai appris à vivre avec le souvenir serein de mon idole. Plus de reproches, plus de regrets, plus de douleur... juste une "présence" rassurante, un  pied- à- terre de luxe dans le monde de mes souvenirs.

Publié dans Artistes

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Je comprends... Moi, il y a encore la douleur... mais je la vis doucement... Il y a des choses qui me font "remonter" la douleur. Comme ce week-end... Expo Claude à Puteaux. Et là, concert de Mickaêl D. que je n'apprécie pas particulièrement.. Mais oh ! Etonnement ! Le concert est superbe... les souvenirs affluent... je craque... Mais ce n'est que passager... Ca va aller !!! Je respire et je repars pour ma vie... Tu vois, rien que d'en parler, un peu les boules quand même... De temps en temps comme ça, c'est dur... mais la vie est là, elle, et elle me tient ! Bisous Béa... Ton blog est superbe... J'en ai fait un aussi... A l'occasion, si tu veux, je te donnerai l'adresse...<br /> NAT
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