Le plus beau métier du monde

Publié le par Béatrice

Aujourd'hui encore une scène hallucinante au collège : trois gamines de 12 ans qui se fixent comme objectif de fin d'année de pousser une prof au suicide ! Que des élèves cherchent à s'amuser, pourquoi pas ? Nous l'avons tous fait et nous avons tous ri d'un prof que nous n'aimions pas ou qui nous semblait ridicule. Nous avons aussi tous détesté un prof un jour ou l'autre au point de nous dire que s'il disparaissait, ça ne serait pas plus mal... mais qui est jamais allé se vanter de souhaiter le suicide de quelqu'un ? Qui s'est jamais fixé ça comme but avec une fierté non dissimulée ?

L'image du prof aujourd'hui est catastophique et tout le monde s'en fout ou s'en amuse... Nous sommes les feignasses qui alternent grèves, congés de maladie et vacances. Nous sommes les tyrans qui osent exiger du travail et du respect des enfants que nous avons face à nous, les rares fois où nous sommes au boulot, cela va sans dire. Nous sommes ceux qui doivent prendre la relève de parents démotivés et dépassés par les conneries de leurs gamins. Nous sommes les souffre-douleur de ces gamins sans repères à qui il ne faut rien dire de peur de les traumatiser. Nous supportons toutes les mauvaises humeurs, les insolences, les refus de travailler et nous ne devons jamais rien dire, même si nous aussi parfois nous sommes de mauvaise humeur.

Nous avons face à nous des enfants, des adolescents fiers d'être fainéants et incultes. Certains vont même jusqu'à menacer les élèves qui ont le malheur d'essayer de bien faire. On a toujours été jaloux du premier de la classe mais on n'avait encore jamais vu des classes où le premier a honte de l'être et fait tout pour le cacher, même quand il n'a que des résultats moyens !

Leur monde se divise en 2 catégories : les "gentils" et les "méchants", et ce sont leurs termes... au milieu, rien... ils n'ont pas le vocabulaire pour l'expliquer... donc, ça n'existe pas. Leur vocabulaire est d'une pauvreté infinie et tous les exercices visant à leur faire acquérir de nouveaux mots sont rapidement balayés parce que "y'a que les intellos qui parlent comme ça". Ils ne comprennent plus rien. Quand on leur parle de travail "superficiel" ils pensent que ça veut dire "super" en langage de prof ! On ne comprend plus ce qu'ils écrivent mais c'est pas grave, on est payé pour deviner, décoder et traduire.

Eux qui réclament le respect à tout bout de champ ne savent plus se respecter entre eux, se disent bonjour en s'insultant, se parlent ou parlent au prof en aboyant, se jugent sur le prix de leurs chaussures. Où va-t-on? Les parents sont souvent totalement absents  ou bien alors choqués qu'on n'apprécie pas le comportement de leur petit ange... et on doit tout supporter, tout accepter avec le sourire parce que ce ne sont que des enfants et si on n'est pas capables de les gérer c'est qu'on n'est pas à notre place, qu'on est incompétent parce que quand même ce ne sont que des enfants !

Le plus beau métier du monde, il paraît. Un métier où personne ne nous respecte plus, où nos droits sont constamment mis en doute et remis en questions, où nos obligations sont de plus en plus importantes et nos compensations de plus en plus maigres. Mais nous n'avons rien à dire puisque nous avons des vacances et ça, ça nous oblige à tout subir avec le sourire, n'est-ce pas ?

Publié dans Coups de gueule

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